LE GRAND CALCUL DES ARBRES
concerto pour violon et ensemble instrumental
Ma manière d’arbre 3
Le grand calcul des arbres
Concerto pour violon et 15 instruments
Deux clochers vénitiens ont commencé à sonner ensemble.
La délicieuse sonorité de leurs cloches m’a obligé à m’arrêter pour les écouter.
Leurs pulsations n’étaient pas exactement les mêmes, et ce léger décalage produisait un schéma rythmique dont les subtiles variations m’ont fasciné. J’ai essayé de transcrire ensuite cette succession de durées. Ce fut le premier de ces champs de durées dont je me suis beaucoup servi ensuite, et particulièrement pour Amour grand terrible champ critique. Ce petit événement tient une grande place dans mon travail ; il m’a donné la possibilité d’imaginer un déroulement du temps libéré de la pulsation régulière et de la répétition textuelle, et malgré tout organisé, ce que je recherchais depuis longtemps, depuis l’époque de la première Sonate pour piano et de Mémoire pour quatuor à cordes.
C’était le moment (1993) où mon ami Paul Mefano dirigeait l’ensemble 2e2m qu’il avait créé ; l’époque bénie où Paul créait avec une entière liberté et une immense générosité les œuvres qu’il aimait. J’avais cette chance que les miennes en fassent partie, et un grand nombre d’entre elles furent jouées ainsi. J’écrivis donc, pour 2e2m, ce concerto qui fut créé avec Jacques Saint-Yves en soliste, sous la direction de Paul Mefano.
Les durées sont calculées à partir de ces champs de durées dont je viens de parler. L’ensemble instrumental comprend 3 Fl . 3 Cl. (2 basses, 1 ctre basse) 2 Trp. 2 Cors. 2 Perc. 3 Violoncelles et 2 percussions.
Il s’agit d’une pièce très virtuose, dans laquelle le violon est opposé à des complexes instrumentaux assez riches, et parfois improbables, comme les deux clarinettes basses et la clarinette contrebasse, ce que Paul appelait : le chant des murènes. Vers la fin de l’œuvre ont entend la voix enregistrée de Nicholas Ischerwood qui chante un extrait de poème de Marie-Claire Bancquart :
Le grand calcul des arbres
c’est de nous tendre les morts
à travers les arbres.